Au Mali, l’âne est un compagnon indispensable à l’homme. Il sert de moyen de transport de personnes et de marchandises, comme il intervient dans le domaine de la salubrité (il fait le ramassage d’ordures) et de l’agriculture (il laboure les champs et transporte par exemple les produits des champs vers les villes). On voit même des ânes puiser de l’eau de puits, plus vite que ne pourrait le faire l’homme lui-même, et transporter des grands barils pleins d’eau en tirant une charrette qui ferait dix fois son poids. Heureux encore quand ils sont une paire d’ânes à faire la traction !
Vous ne pouvez vous promener dans un quartier de Bamako sans voir un âne. Dans les villages, ils sont encore plus présents ! Avec tous ces énormes services qu’il rend à l’homme son maître, on pourrait croire que l’âne est l’animal le mieux traité par son maître qu’il soulage de bien d’embarras. Que nenni !
Les ânes sont des animaux persécutés au quotidien qui peinent à manger à leur faim, même quand leur maître a les moyens de bien les nourrir. Ils sont battus à longueur de journée pendant l’exécution de leurs nombreuses tâches et ne se reposent presque jamais. Alors, on peut les voir aux abords des routes ou sur des tas d’immondices, grièvement blessés ou malades, livides, abandonnés, le regard dans le vide… Pensant peut-être au salaire de leurs sacrifices au service de l’homme, cet ingrat invétéré. Et c’est là où ils se couchent ou s’arrêtent, à la fin d’une errance forcée, que beaucoup d’entre eux finissent par mourir de faim ou d’épuisement dû à la maladie.
Malgré de nombreux spots diffusés par la télévision malienne pour décourager la maltraitance qu’on fait subir aux ânes, personne ne s’émeut de voir un homme en train de frapper avec énergie, un âne ! Personne ne se plaint et tout le monde devient complice de cette injustice, cette ingratitude faite à l’âne. Et puis, s’il arrive qu’une personne intervienne pour faire arrêter un supplice dont il est témoin, le bourreau de l’âne répond avec arrogance et insolence : « C’est mon âne ! » Comme pour dire que son statut de propriétaire lui donne pouvoir de vie ou de mort sur l’âne, la pauvre bête de somme devenue le souffre-douleur de l’homme.
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